Journée internationale de soutien aux victimes de la torture

Déclaration de RCN Justice & Démocratie à l’occasion de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture – RDC, 26 juin 2025

À l’occasion de cette Journée internationale de soutien aux victimes de la torture, RCN Justice & Démocratie exprime sa profonde préoccupation face à la persistance de pratiques contraires aux droits humains en République Démocratique du Congo, et réaffirme son engagement en faveur d’un État de droit effectif, garant des libertés fondamentales et de la dignité humaine.

Depuis plus de trois décennies, notre organisation œuvre en RDC aux côtés des institutions et des citoyens pour construire une justice accessible, équitable et respectueuse des droits fondamentaux. Nous sommes convaincus que le fonctionnement effectif de l’État de droit est la condition sine qua non d’une société juste, pacifique et démocratique.

Or, les événements récents en RDC témoignent de reculs préoccupants. La levée du moratoire sur la peine de mort en 2024, dans un contexte de fragilité institutionnelle, soulève de graves inquiétudes quant au respect du droit à la vie et aux garanties d’un procès équitable.[1]

En 2025, plusieurs cas illustrent la détérioration de la situation :

  • Le 25 mars, à Kinshasa, un policier de circulation, le brigadier Fiston Kabeya, a perdu la vie après avoir été passé à tabac par des agents affectés à la sécurité du cortège de la Première ministre. Ce drame, survenu dans le cadre d’une altercation signalée comme disciplinaire, soulève des interrogations majeures sur les dérives au sein même des appareils sécuritaires de l’État ;
  • Le 14 mai, un jeune homme a été abattu lors d’une patrouille policière à Kimbanseke, un quartier de Kinshasa, dans des circonstances toujours floues mais évoquant un usage disproportionné de la force[2] ;
  • De nombreux témoignages continuent à faire état de l’arrachage d’aveux sous la contrainte physique ou psychologique par certains officiers de police judiciaire, tandis que la détention arbitraire de Me Médard Palankoy, avocat défenseur des droits humains, a été dénoncée par la société civile comme un acte d’intimidation[3] ;
  • Enfin, le rapport du Sous-Comité des Nations Unies pour la prévention de la torture, à l’issue de sa visite en janvier 2025, a mis en exergue les conditions indignes de détention, l’absence d’un Mécanisme National de Prévention de la torture, et l’impunité persistante.[4]

Face à ces dérives, RCN Justice & Démocratie appelle à une mobilisation collective pour restaurer les fondements de l’État de droit. Cela implique :

  • La réaffirmation du principe de légalité et de non-discrimination, en garantissant que toute action de l’État soit encadrée par la loi et soumise à un contrôle indépendant ;
  • La lutte contre l’impunité, par des enquêtes impartiales et des sanctions effectives à l’encontre des auteurs de torture, de violences policières et de traitements dégradants, y compris ceux commis par des agents au service des plus hautes autorités ;
  • La protection des droits procéduraux, notamment l’accès à un avocat dès la première heure de garde à vue, l’interdiction absolue de la torture, et le respect de la présomption d’innocence ;
  • Le renforcement des capacités des acteurs judiciaires et sécuritaires, à travers des formations continues axées sur l’éthique, les droits humains et la responsabilité professionnelle ;
  • La participation citoyenne, en favorisant l’accès à l’information juridique, le dialogue entre institutions et société civile, et la reconnaissance des mécanismes de justice coutumière compatibles avec les droits fondamentaux.

RCN Justice & Démocratie poursuivra son action en RDC avec détermination, en appui aux réformes structurelles et aux dynamiques locales de transformation. Nous croyons qu’un État de droit vivant ne se décrète pas : il se construit chaque jour, par la justice, la mémoire, la parole libre et la responsabilité partagée. En ce 26 juin, nous rendons hommage aux victimes de la torture et réaffirmons notre engagement à leurs côtés. Parce qu’il n’y a pas de paix durable sans justice, et pas de justice sans État de droit.


[1] https://achpr.au.int/index.php/fr/news/communique-de-presse/2024-03-15/communique-de-presse-sur-la-levee-du-moratoire-sur-la-peine-de

[2] https://www.congoquotidien.com/2025/05/14/kinshasa-insecurity-police-intervention-deadly-shooting/

[3] https://laprosperiteonline.net/2025/06/25/100-jours-apres-sa-detention-a-kinshasa-me-medard-palankoy-la-ccdh-crie-a-larbitraire-et-exige-la-liberation-immediate/

[4] https://www.journaldekinshasa.com/nations-unies-appel-urgent-pour-un-mecanisme-de-prevention-de-la-torture-en-rdc/


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