Jean Bofane, “Vivre, c’est écrire”

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Jean BOFANE est un écrivain congolais. Enfin, depuis dix ans. Car sa vie est à l’image du Congo : d’un extrême à l’autre, sinusoïdale, bouleversante et chargée. L’histoire congolaise l’a obligé maintes fois à quitter son PAYS ; mais toujours il y est revenu. Défenseur des valeurs universelles de paix et de dialogue, Jean habite à Bruxelles aujourd’hui et sillonne les écoles et les lieux de réflexion afin d’ouvrir des espaces de construction, par des ateliers d’expression et d’écriture notamment. Il est grand, et beau. Sa voix est grave, autant que le récit qu’il nous dit. Non loin d’un petit lac de la forêt de Soignes, entourés de corneilles virevoltant autour du micro, jean raconte.

Au sein de cette émission, sont intégrés deux de ses textes, dans un format un peu particulier ; dans les studios d’Olivier Rutten, Jean a enregistré « La faim » et « La conscience politique » sur la musique de Daniel Stokart. Cette expérience étonnante, à l’instar de la danse ndombolo, nous fait danser d’un pied à l’autre, en balançant entre un Congo magnifique et un Congo désespérant. « J’ai comparé ça à une danse qui régnait à l’époque justement fin du mobutisme début du kabilisme, et qu’on appelait ndombolo, ça veut dire, on dansait d’un pied sur l’autre, ça décrivait un peu la condition sociale, politique, économique du Congolais. Pourquoi PASSER d’un pied sur l’autre ? On imagine un gorille qui se trouve debout sur le fleuve mais alors imaginez, y’a des planches sur le fleuve, le gorille pose un pied sur une planche, la planche évidemment va s’enfoncer dans le fleuve alors pour se sauver, il va mettre le pied sur une autre planche donc il sera obligé de passer d’un pied sur l’autre comme ça pour essayer de garder cet équilibre qui est, de toute façon, instable, parce que c’est ce que le Congolais essaie de faire depuis des décennies, de ne pas sombrer et il est devenu très fort dans la gestion de l’équilibre instable. C’est peut-être la force du Congolais de pouvoir récupérer les choses dramatiques et en faire quelque chose de ludique parce qu’une situation hyper dramatique est devenue une danse donc ce sont des moyens qui permettent de transcender les choses, et c’est un peu comme ça, ça a toujours été comme ça dans notre culture. Et je crois que c’est ça qui nous tient debout. ».

Vous trouverez un extrait du récit (24 min) de Jean Bofane ici :


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